Vous pensez que vous n’écrivez pas « assez bien » pour participer ?
Quand je présente les ateliers d’écriture autour de moi, les gens pensent souvent que ce n’est pas pour eux, qu’ils ne savent pas « assez bien » écrire. Dans ce premier article, je vais débunker tout de suite ce mythe : les ateliers d’écriture créative et prospective sont accessibles à tous, oui, oui !
Démonstration
- ce que les gens pensent de l’écriture (et pourquoi)
- la réalité : la vraie place de l’écriture dans nos vies
- l’écriture en atelier
Lecture : 5 min
Ateliers d’écriture accessibles à tous
1. Ce que les gens pensent de l’écriture (et pourquoi)
En France, dans l’imaginaire collectif, l’écriture est souvent vue comme l’apanage d’une certaine élite, qu’elle soit littéraire ou artistique. L’écriture est tout de suite synonyme de romans, d’essais, de prix littéraires, de publications, d’articles. Nous avons dans notre pays une image de l’écriture très romanesque mais aussi très confidentielle.
Ainsi, quand j’évoque les ateliers d’écriture, mes interlocuteurs s’imaginent qu’il faut avoir fait des études littéraires ou travailler dans la comm. J’entends souvent d’ailleurs : « j’aimerais bien, mais je ne sais pas », tant il existe en France toute une catégorie de la population qui aimerait écrire, mais qui s’auto-censure, noyée dans une recherche de perfection et de standards dignes du Goncourt.
Il y aurait donc le « bien écrire » et le « mal écrire » ; d’un côté ce qui est publiable, de l’autre … ben tout le reste. Et personne ne s’imagine dans cette deuxième catégorie : ce que nous écrivons doit être publiable ou ne doit pas être !
Alors d’où vient cette chape de plomb sur l’écriture à la française ?
De mon point de vue, notre histoire fait déjà beaucoup. Il suffit de regarder du côté de l’Académie Française, cette institution née en 1634 de plusieurs intellectuels français (que des hommes of course !) qui entendaient se préoccuper de la pureté de la langue et la rendre capable de la plus haute éloquence. Tout est dit ici : l’écriture est réservée à une certaine forme de pouvoir, des sachants qui établissent donc les règles du bien écrire.
Cela a été bien vite relayé par l’éducation. Et encore au 21ème siècle, nos professeurs de français, au collège comme au lycée, plutôt que de nous encourager à écrire et à nous donner goût à prendre le stylo et à oser, nous bride par leur feutre rouge et des sujets de dissertations plus inhibants les uns que les autres. A l’école aussi, il n’y aurait donc qu’une façon de bien écrire.
Attention, je n’ai rien contre les professeurs, et l’enseignement de l’orthographe et de la syntaxe est primordial selon moi. Mon propos ici relève plutôt de comment motiver les enfants à écrire, sans se brider, sans se censurer, et la pédagogie actuelle en France ne va pas dans ce sens !
Le poids de l’écriture littéraire, versus l’écriture créative, est immense. Pourtant, ce n’est pas du tout ce qui est en jeu dans notre vie, ni dans les ateliers d’écriture.
2. La réalité : la vraie place de l’écriture dans nos vies
Tout le monde écrit.
En France, dès le CP qui est obligatoire, nous apprenons les rudiments de l’écriture. Les enfants découvrent le monde qui s’offre à eux quand ils commencent à écrire, ne serait-ce qu’à aligner quelques lettres les unes après les autres. Magique ! Et à partir de ce moment-là de notre vie, nous savons écrire, et nous écrivons. Tous les jours.
Pas forcément avec un stylo, pas forcément des textes ou des phrases, mais nous écrivons.
A la maison, nous écrivons une liste de courses, un mot d’amour, un mail à une copine, une to-do liste ; nous remplissons des formulaires ; nous écrivons des lettres, une carte postale pendant les vacances, un journal intime…
Dans notre travail, idem. Tout le monde écrit. La communication en entreprise passe d’ailleurs essentiellement par l’écrit : un mail, un compte-rendu, une présentation, un rapport… C’est un outil de transmission, qui nous permet de laisser une trace ; et tout ceci ne relève pas uniquement des services comm et marketing.
Dans ce que nous écrivons au quotidien, perso ou pro, vous en conviendrez, rien de très littéraire donc. L’écriture est utile, fonctionnelle, essentielle.
Elle est donc surtout accessible, partout et pour tous, et c’est bien ce qui compte dans un atelier d’écriture !
3. L’écriture en atelier
Il n’y a pas de « bien écrire » en jeu dans un atelier d’écriture créative.
Ce qui compte avant tout, c’est d’écrire.
Ce qui compte avant tout, c’est une main, prolongée d’un stylo, qui couche sur une feuille de papier des successions de mots, qui vont alors former des phrases, qui mises bout à bout vont faire texte.
Vous saupoudrez cela d’un soupçon d’envie, vous stimulez de quelques inspirations et lectures, vous aidez de propositions ludiques, et vous obtenez un texte dont vous êtes fier∙ère, un texte qui a de la valeur, pour vous, pour le groupe avec lequel vous le partagez. Vous l’aurez écrit avec vos mots, vos expressions, votre style. Et rien que cela, ça fait toute la différence à mes yeux, et aux vôtres.
Les ateliers d’écriture sont accessibles à tous et toutes. Chacun∙e y vient pour écrire comme il ou elle a envie. Chacun∙e y écrit comme il ou elle est.
En ce sens, un atelier d’écriture revêt un rôle d’émancipation individuelle où nous faisons fît de l’ordre établi et d’une écriture normée. Il n’y a pas ici de « bien » ou de « mal » écrire. Pas de dogme littéraire. Rien qui empêche. Tout le monde est mis en capacité d’écrire un texte singulier, et c’est là tout ce qui compte.
Et il n’y a rien qui ne me réjouit plus que de voir naitre l’émotion à la lecture d’un texte, des paillettes dans les yeux de l’auteur ou l’autrice, lorsqu’il ou elle se rend compte de ce qu’il ou elle a été capable de produire. Alors que cette personne était celle-là même qui débutait l’atelier avec un « mais je ne sais pas » !
Conclusion
Osez pousser les portes d’un atelier d’écriture, lancez vous et mettez de côté vos doutes et vos préjugés sur l’écriture ! Car oui, nous sommes tous et toutes capables, et les ateliers sont accessibles à tous !